La possibilité d’une île
Le plus important dans la démarche artistique de Frantz Zisseler
est de relancer inlassablement le questionnement, de ne jamais le clôturer,
l’enfermer. Ainsi, pour favoriser une approche multiple, il s’autorise tout
support, tout medium et joue avec ses nombreuses références culturelles et
esthétiques. Il ne s’interdit rien, laissant place à son intuition première, son
désir et son impulsion initiale. Guidé par la forme d’un objet, mais aussi
motivé par des réflexions et regards personnels sur son monde environnant, il
traque l’art partout, tous azimuts, sous toutes ses formes et dans toutes ses
expressions. Alors qu’il s’inscrit dans une démarche artistique depuis près de
trente ans, il ne se considère pas comme artiste et s’interroge sur la réalité
même de ce statut. Qu’est-ce qu’un artiste ? Quel genre d’artiste
est-il ? Explorant divers champs d’expérimentation et de recherche, son
travail refuse la classification, la catégorisation, tant il est éclectique et
multiple.
Frantz Zisseler ne se rattache à aucune école. Tantôt il flirte
avec une culture actuelle (sorte d’intuition et d’imprégnation), tantôt il rompt
avec une esthétique volontairement contemporaine pour renouer avec une approche
classique et une maîtrise technique. Son travail se révèle variable, variation
sur le thème de la création. Qu’est-ce que créer aujourd’hui ? Comment
créer et pourquoi ? De plus en plus, le questionnement sur son rapport à
l’art, sur l’art lui-même s’approfondit et prend une dimension métalangagière
car il parle de l’art en en faisant. Multipliant les modes de représentation,
les différentes manières d’appréhender l’espace, il s’interroge donc sur la
visibilité de l’objet, sa valeur. Cette approche tautologique s’est développée
et affirmée comme fil conducteur depuis quelques années. Ce qui l’intéresse,
c’est de débrider son esprit, sa pensée intérieure pour laisser ses réflexions
se matérialiser plastiquement. Il s’amuse à provoquer des rencontres de
supports et d’univers pour mettre en scène une collision, une confrontation.
Travail trans-genre, sa recherche se transforme, évolue. Entre mutation et
mouvement, Frantz Zisseler opère des allers-retours permanents entre plusieurs
pratiques et techniques afin de, sans cesse, relancer le sens. Ses réalisations
sont les transpositions plastiques de sa recherche de possibilités. Son travail
est exponentiel et en mouvement permanent.
Aucune œuvre n’est figée, ni inscrite définitivement dans sa
physionomie et son expression : ainsi, les pièces peuvent évoluer, se
rencontrer, se séparer ou dialoguer. Tout est susceptible de devenir objet
d’art, support de réflexion, extension plastique de sa pensée. Pendant
longtemps, son travail était touffu, dense et proliférait. Dorénavant, il
tend à une simplification des matières et une sorte d’épure de l’objet. C’est
une façon de poursuivre son questionnement sur l’art et son contenu, sur ce
qu’il doit être aujourd’hui, sur les formes qu’il peut prendre. Frantz Zisseler
s’efface derrière son geste, son travail, pour réaffirmer les formes et révéler
l’essence des objets. Il continue sa recherche des multiples, des potentialités.
Son travail se déploie et se présente comme une succession de probabilités
plastiques. Loin d’être opaque, hermétique, académique, il demeure ironique,
dérisoire comme en attestent les titres des œuvres, empruntés à une culture
personnelle et diversifiée.
Rien n’est sérieux, rien ne peut être pris au sérieux …
Affichant cette posture, Frantz Zisseler développe un travail où pensée et
humour se côtoient, où forme et fond s’affrontent, se confrontent. Désireux
d’exploser les frontières, de défier l’étanchéité des disciplines et des genres,
il décline un travail varié et libéré de toute contingence. Même si sa
production peut s’apparenter à l’époque dans laquelle il travaille, il ne se
laisse pas enfermer dans ses références. S’abreuvant auprès de ses grands
maîtres et artistes actuels, il intègre également à sa démarche tout ce qu’il
peut observer dans la production, tout ce qu’il définit comme de l’anti-art. Ces
œuvres qu’il rejette alimentent son travail et orientent sa réflexion, en lui
indiquant précisément ce qu’il ne veut pas faire. Il construit son travail
contre d’autres formes actuelles. Son univers est en mouvement perpétuel
épousant ainsi les circonvolutions de ses pensées personnelles. Evitant de
s’enfermer dans la technique, de ronronner dans un travail ritualisé et
confirmé, il relance ses questionnements, se remet en jeu et en danger en
permanence. Déroutant, surprenant, ce travail refuse toute définition, toute
terminologie qui viserait à le limiter. Expérience, processus vivant et
organique, il se construit au fil du temps, au fil des heures, des rencontres et
des surprises de la vie. Intuition, impulsion et création sont les piliers de
cette démarche artistique qui se meut, se transforme et se révèle être, en soi,
un vrai processus. Le moteur de ce travail est, en effet, la relance
perpétuelle, une navigation sans boussole pour atteindre le territoire de l’art,
pour le dessiner ici et nulle part, partout et jamais. Frantz Zisseler, lui,
continue de l’envisager et de chercher à atteindre ce lieu indéfini … la
possibilité d’une île.
Solène Bertrand, juillet 2011.
Le plus important dans la démarche artistique de Frantz Zisseler
est de relancer inlassablement le questionnement, de ne jamais le clôturer,
l’enfermer. Ainsi, pour favoriser une approche multiple, il s’autorise tout
support, tout medium et joue avec ses nombreuses références culturelles et
esthétiques. Il ne s’interdit rien, laissant place à son intuition première, son
désir et son impulsion initiale. Guidé par la forme d’un objet, mais aussi
motivé par des réflexions et regards personnels sur son monde environnant, il
traque l’art partout, tous azimuts, sous toutes ses formes et dans toutes ses
expressions. Alors qu’il s’inscrit dans une démarche artistique depuis près de
trente ans, il ne se considère pas comme artiste et s’interroge sur la réalité
même de ce statut. Qu’est-ce qu’un artiste ? Quel genre d’artiste
est-il ? Explorant divers champs d’expérimentation et de recherche, son
travail refuse la classification, la catégorisation, tant il est éclectique et
multiple.
Frantz Zisseler ne se rattache à aucune école. Tantôt il flirte
avec une culture actuelle (sorte d’intuition et d’imprégnation), tantôt il rompt
avec une esthétique volontairement contemporaine pour renouer avec une approche
classique et une maîtrise technique. Son travail se révèle variable, variation
sur le thème de la création. Qu’est-ce que créer aujourd’hui ? Comment
créer et pourquoi ? De plus en plus, le questionnement sur son rapport à
l’art, sur l’art lui-même s’approfondit et prend une dimension métalangagière
car il parle de l’art en en faisant. Multipliant les modes de représentation,
les différentes manières d’appréhender l’espace, il s’interroge donc sur la
visibilité de l’objet, sa valeur. Cette approche tautologique s’est développée
et affirmée comme fil conducteur depuis quelques années. Ce qui l’intéresse,
c’est de débrider son esprit, sa pensée intérieure pour laisser ses réflexions
se matérialiser plastiquement. Il s’amuse à provoquer des rencontres de
supports et d’univers pour mettre en scène une collision, une confrontation.
Travail trans-genre, sa recherche se transforme, évolue. Entre mutation et
mouvement, Frantz Zisseler opère des allers-retours permanents entre plusieurs
pratiques et techniques afin de, sans cesse, relancer le sens. Ses réalisations
sont les transpositions plastiques de sa recherche de possibilités. Son travail
est exponentiel et en mouvement permanent.
Aucune œuvre n’est figée, ni inscrite définitivement dans sa
physionomie et son expression : ainsi, les pièces peuvent évoluer, se
rencontrer, se séparer ou dialoguer. Tout est susceptible de devenir objet
d’art, support de réflexion, extension plastique de sa pensée. Pendant
longtemps, son travail était touffu, dense et proliférait. Dorénavant, il
tend à une simplification des matières et une sorte d’épure de l’objet. C’est
une façon de poursuivre son questionnement sur l’art et son contenu, sur ce
qu’il doit être aujourd’hui, sur les formes qu’il peut prendre. Frantz Zisseler
s’efface derrière son geste, son travail, pour réaffirmer les formes et révéler
l’essence des objets. Il continue sa recherche des multiples, des potentialités.
Son travail se déploie et se présente comme une succession de probabilités
plastiques. Loin d’être opaque, hermétique, académique, il demeure ironique,
dérisoire comme en attestent les titres des œuvres, empruntés à une culture
personnelle et diversifiée.
Rien n’est sérieux, rien ne peut être pris au sérieux …
Affichant cette posture, Frantz Zisseler développe un travail où pensée et
humour se côtoient, où forme et fond s’affrontent, se confrontent. Désireux
d’exploser les frontières, de défier l’étanchéité des disciplines et des genres,
il décline un travail varié et libéré de toute contingence. Même si sa
production peut s’apparenter à l’époque dans laquelle il travaille, il ne se
laisse pas enfermer dans ses références. S’abreuvant auprès de ses grands
maîtres et artistes actuels, il intègre également à sa démarche tout ce qu’il
peut observer dans la production, tout ce qu’il définit comme de l’anti-art. Ces
œuvres qu’il rejette alimentent son travail et orientent sa réflexion, en lui
indiquant précisément ce qu’il ne veut pas faire. Il construit son travail
contre d’autres formes actuelles. Son univers est en mouvement perpétuel
épousant ainsi les circonvolutions de ses pensées personnelles. Evitant de
s’enfermer dans la technique, de ronronner dans un travail ritualisé et
confirmé, il relance ses questionnements, se remet en jeu et en danger en
permanence. Déroutant, surprenant, ce travail refuse toute définition, toute
terminologie qui viserait à le limiter. Expérience, processus vivant et
organique, il se construit au fil du temps, au fil des heures, des rencontres et
des surprises de la vie. Intuition, impulsion et création sont les piliers de
cette démarche artistique qui se meut, se transforme et se révèle être, en soi,
un vrai processus. Le moteur de ce travail est, en effet, la relance
perpétuelle, une navigation sans boussole pour atteindre le territoire de l’art,
pour le dessiner ici et nulle part, partout et jamais. Frantz Zisseler, lui,
continue de l’envisager et de chercher à atteindre ce lieu indéfini … la
possibilité d’une île.
Solène Bertrand, juillet 2011.